Christine de Pisan Intellectuelle et féministe d’avant-garde
Abstract
Dans l'histoire de la littérature française, entre 1395 et 1405, Christine de Pisan s'impose en tant que figure intellectuelle et combattante féministe au destin exceptionnel. Elle se lance dans l'activité littéraire pour subvenir à ses besoins. L’ampleur de sa culture et la brillance de son esprit lui attirent la reconnaissance et les faveurs de son entourage. Cependant, elle doit faire face d'abord aux codes sociaux et littéraires de son temps. Elle a le courage d'affirmer son identité d'auteur: « Oser, moy femme, entrer au champ des lettres », se déclarant ainsi comme première femme intellectuelle au Moyen Age et construisant une immense œuvre littéraire.
Le combat qui lui tient à cœur est celui de la défense des femmes. Sur une toile de fond misogyne et théologisée, les hommes commandent tout et renvoient les filles d'Eve aux vices et à la faiblesse de leur nature. Elle imagine une cité imprenable, la Cité des dames, où seront regroupées les femmes célèbres de l'Antiquité, qui représentent pour elle l'âge d'or à vivre. Ces modèles sont des femmes devenues déesses, telles Minerve, Cérès ou Zénobie reine de Palmyre. Elles ont inventé la grammaire, l'alphabet, l'art de forger les armes et l'agriculture.
En soulevant des problèmes tels l'éducation des filles, la capacité des femmes à gouverner, l'illégalité du viol et l'égalité des sexes, elle s'adresse aux femmes comme aux hommes de son temps pour leur donner des sujets à réfléchir et à se réformer. C'est en tant que féministe qu'elle se dirige surtout aux femmes pour leur adresser une leçon de courage en les invitant à se connaitre soi-même face à toute adversité qui a parfois un visage d'homme, sans toutefois plaider pour un bouleversement ni un changement des structures établies.
En donnant l'exemple de sa propre vie, elle a su créer en se créant, faire de sa condition un sujet d'écriture et oser prendre la parole publiquement contre une injustice qu'elle considérait flagrante. Elle a semé dès le Moyen Age les germes de l'émancipation de la postérité.